JO de Tokyo – Karaté, quel bilan ?

Les JO de Tokyo s’achèvent, le karaté a fait son entrée historique et peut être aussi, aura fait sa seule participation. Quel bilan peut-on en tirer ?

1_Pas de nation dominante

D’un point de vu bilan des récompenses, on peut noter qu’il n’y a pas eu vraiment de nation dominante dans ces jeux. Certes avec 3 médailles (1 Or, 1Arg, 1Bz) le japon tire en tête du classement mais 20 nations différentes (sur 36 pays engagés) ont obtenu une médaille. Cette hétérogénéité traduit finalement une certaine universalité du karaté, principe même des JO : une discipline olympique, dans l’idéal, se doit d’être pratiquée par un très grand nombre, sur tous les continents. Et ces dernière années, force est de constater que le niveau sportif global en karaté s’est élevé au point de voir des nations – absentes au bilan mondial il y a 10 ou 15ans – désormais bien présentent.

2_Une hiérarchie mondiale peu bousculée

Malgré cela, la plupart des podiums était prévisible… Fin juillet, nous publions un article sur les JO mettant en avant quelques duels annoncés.
En kata notamment, nous avions évoqué les duels Japon/Espagne tant chez les hommes que chez les femmes. Sans surprise finalement, ces duels ont eu lieu et globalement le ranking WKF avant JO est plutôt bien respecté dans la remise de médaille que ce soit en kumité ou en kata. C’est le cas dans d’autres sports, mais le mode de sélection pour les JO a multiplié les rencontres entre ces karatékas qui se connaissent par cœur, avec pour risque une tendance à se neutraliser en combat en la jouant très (trop?) stratégique ou un jury enclin à copier coller un certain ordre établi en kata…

3_Bilan français

Steven Da Costa, médaillé d’or aux Jo de Tokyo

La France, avec une magnifique médaille d’or grâce à Steven Da Costa en combat chez les -67kg, se classe 5ème nation mais 9 nations ont eu au moins 2 médailles : à ce jeu c’est la Turquie qui gagne avec 4 médailles devant le japon et ses 3 médailles.
Une seule médaille, c’est un bilan assez mitigé au regard du passé plus glorieux de l’équipe de France dans les compétitions internationales. Sans revenir trop loin en arrière, à Paris en 2012, la France terminait première nation mondiale devant le Japon, 3ème nation en 2014, 2ème nation en 2016 et 3ème nation en 2018. Il manquait certes les épreuves par équipes aux JO mais on peut rester un peu sur notre faim et avoir quelques regrets : avec 3 ou 4 médailles comme on a pu le faire à maintes reprises, il aurait été plus facile de défendre l’intérêt du Karaté à Paris2024… Car on le sait, les pays organisateurs choisissent (souvent) les disciplines additionnelles en fonction du potentiel de médailles que cela peut leur apporter, comme le confirme La ministre déléguée chargée des Sports Roxana Maracineanu au Parisien.
Cela dit, félicitons nos 3 français engagés, Steven Da Costa, Alexandra Feracci et Leïla Heurtault car quoi qu’il arrive ils seront les premiers Français de l’histoire à participer aux JO en karaté !

4_Le karaté au JO, clap de fin ?

La karaté a t-il pour autant tiré sa révérence ?
On ne peut pas dire que le karaté a été surmédiatisé. Heureusement qu’un français a été en finale sinon nous n’aurions pas vu de karaté sur France TV. Il faut dire que la concurrence était rude : les finales d’athlétisme et surtout les sports collectif où les français ont brillé ne laissaient guère de place aux finales de karaté à la même heure; surtout pour une discipline qui ne sera pas présente en 2024 à Paris! Au moins les addicts pouvaient se connecter sur France.tv et voir les finales en direct mais un néophyte aurait eu un peu de mal à suivre : sur Internet, pas de commentaire! Bref, pas facile, dans ces conditions, de faire découvrir au plus grand nombre une nouvelle discipline aux JO…
La WKF (Fédération Mondiale de Karaté) ne va pas renoncer si vite aux JO, puisque son président Antonio Espinós s’est prononcé dès le 8 aout (jour de clôture des JO) lors d’une conférence de presse en faveur du karaté comme discipline permanente aux JO. (le contraire aurait été étonnant!)
Enfin, notons un joli pied de nez aux organisateurs de Paris2024 puisque 13 nations ont décidé de mettre leur karatéka en porte drapeau lors de la cérémonie de clôture dont la France avec Steven Dacosta mais aussi l’Espagne avec Sandra Sanchez (Médaille d’or en kata) ou encore le Japon avec Ryo Kiyuna (Médaille or en kata). Tout un symbole de mettre en avant les sportifs d’une discipline non programmée pour la prochaine olympiade.
Parions donc que le karaté n’a pas dit son dernier mot et si ce n’est pas 2024 à Paris, Los Angeles en 2028 reste toujours possible !

Steven Da Costa, porte-drapeau français sacré champion olympique de karaté dans la catégorie des moins de 67 kg, aux côtés du représentant japonais Ryo Kiyuna, menaient la procession des porte-drapeaux de chaque pays. © TOBY MELVILLE / REUTERS

Le karaté aux JO

Les épreuves de karaté lors des JO de Tokyo se dérouleront du 5 au 7 aout. A plusieurs titres, il s’agit d’un évènement à ne pas manquer. Premièrement, le karaté fait son apparition aux JO pour la première fois et deuxièmement, le karaté risque de ne jamais revenir au JO… Paris 2024 n’ayant pas retenu la discipline…
Ce que vous verrez à la TV est du karaté sportif, dit de compétition. Ce n’est pas le karaté que nous pratiquons à Chambray comme dans de nombreux clubs d’ailleurs. Ce n’est qu’une petite facette de notre art martial. Le karaté ne s’arrête pas à l’aspect sportif… Heureusement! Mais ce coup de projecteur a le mérite de mettre notre discipline en avant aux yeux du plus grand nombre. Ils seront ainsi 82 karatékas (42 hommes et 40 femmes) répartis sur les 5 continents et 36 pays à concourir à cette première (et peut être dernière) participation au JO.

Les français en lice
Nous aurons 3 Français pour défendre nos couleurs.

Steven Da Costa en combat en -67kg, est sans doute notre plus grande chance de médaille. Champion du monde en 2018, il a bien dominé sa catégorie durant les phases de qualification pour les JO, il vient en favori pour le podium.
Alexandra Feracci en kata. Qualifiée lors de la 2ème vague de qualification aux JO, Alexandra fait partie de l’élite mondiale kata. Médaillée de bronze lors des championnats d’Europe en 2019, elle a une bonne expérience du très haut niveau. 2 filles trustent déjà le podium et semblent difficiles à déloger : Sandra Sanchez, l’espagnole est l’actuel N°1 et la japonaise SHIMIZU Kiyou N°2 vont certainement batailler pour les 2 premières places. Alexandra peut créer la surprise et pourquoi pas compléter le podium !

Shimizu et Sanchez, les 2 intouchables en kata ?


Leila Heurtault en combat en -61kg, médaille de bronze aux Championnats d’Europe de karaté 2021, Leila a eu chaud puisqu’elle n’a pas réussi à se qualifier lors des phases qualificatives pour les JO. Elle a obtenu une wild card lui permettant de participer. Habituée aussi des grandes compétitions, elle est championne du monde espoir en 2013 et deux fois titrées chez les seniors par équipe. Dans un bon jour elle peut très bien créer la surprise et monter sur la boîte!

Ce qu’il ne faut pas manquer

Encore un duel Espagne Japon en kata

Le kata homme sera intéressant à suivre, comme chez les femmes, un japonais Ryo Kiyuna N°1 mondial et un espagnol Damian Quintero N°2 bataillent depuis des mois avec un avantage pour le japonais qui sera à domicile. Pour compléter le podium, on pourra peut être voir Antonio Diaz le vénézuélien ou pourquoi pas le turc Ali Sofuoglu ou l’allemand Smorguner.

Aghayev sera à suivre en -75kg

En combat homme -75kg, Rafael Aghayev (Azerbaïdjan) sera à suivre. A 36ans, il a tout gagné, il a le plus gros palmarès : 4 fois champion du monde, 8 fois champion d’Europe. Même s’il paraît moins affûter que par le passé, il est encore bien présent et il aura à cœur d’obtenir l’or olympique ! Mais le japonais Nishimura ou l’italien Luigi BUSA pourraient compromettre ses projets…

Terliuga et Arapoglu


En combat femme -55kg, le duel entre la turque Arapoglu et l’ukrainienne Terliuga sera aussi intéressant à suivre. La turque évolue en -50kg d’habitude contre en -55kg pour l’ukrainienne. Mais pour les JO pas de catégorie -50kg… L’ordre mondial est ainsi rebattu !

Ce que nous ne verrons pas…

On peut regretter le choix d’avoir écarter certaines épreuves.
Nous n’aurons pas le kata par équipe. On peut critiquer les bunkai qui sont parfois surjoués et irréalistes mais ils ont le mérite d’être spectaculaires et s’assurer le show puisque c’est cela qui prime aujourd’hui (à l’image du break dance qui sera aux JO de Paris 2024 à défaut du karaté). Même chose pour le combat par équipe qui assure une certaine tension et rebondissement et permet des combats entre athlètes de catégorie de poids différente.

Reste désormais à encourager nos 3 français et espérer que le karaté assure le spectacle pour faire naître une certaine ferveur auprès du public et peut être revoir le karaté aux JO sur la prochaine décennie…

Retrouvez tout le programme en détail ICI

Coupe du monde de Kobudo

Félicitation à nos amis de Romorantin Stéphane et Muriel pour leur performance en Pologne lors de la coupe du monde de Kobudo !
On espère une démonstration à Chambray 😉